[ N°18 = Ayumie Awan ]

A côté de la porte de la maisonnette numéro 18, la petite plaque en argent plaqué indiquait :

Ayumie Awan

La petite maison était maintenant occuppée ...

Après avoir acquis chocolats et fleurs, le charmant Jay avait décidé d'aller se changer - il était trempé - avant de partir voir sa belle. Il s'était donc vêtu d'un chemoise noire, aussi noire que la nuit et d'un jeans fonçé. Avant de mettre cette chemise, son regard triste se promena au dehors. La pluie avait cessé, comme pour lui donner une seconde chance. Pourtant, il mit tout de même cette chemise, trouée au omoplates, pour laisser passer sses ailes. Il prit le paquet que Kaze avait fait, sans se douter de la présence de la surprise - les surprises sont faites pour ça, après tou, et les roses qu'il avait soigneusement désépiner, abimant ses grande mains. Il n'avait pas mis de pansement, rien. Et il s'en alla, ailes découvertes. Traversant la ville, il ne se souçia pas des muirmures sur son passage. Hier encore, il aurait eut honte et se serait envolé, ou aurait caché ses ailes. Mais démsormais, seule elle et l'avis qu'elle avait sur ces fameuse ailes comptait. Peu importe son père qui le traitait de monstre, peu importe les gens qui se retournait sur son passage. C'était un jour nouveau, qui ne ressemblait aucunnement au précédent, sinon par l'amour qu'il lui portait.

Il ne demanda pas son chemin. Au hasard de l'une de ses promenades, il avait découvert où habitait sa princesse. Jamais il ne l'avait oublié, et sa découverte allait enfin lui servir. Ses pas le menait tout seul et lui n'avait qu'une pensée. Qu'allait il bien pouvoir lui dire ? Après tout, il ne savait qu'une seule chose : il devait presenter ses excuses. Pourquoi, me direz-vous? Parce que, à son sens, il n'aurait pas du lui déclarer sa flamme alors qu'elle souffrait. Il finit tout de même par arriver devant sa porte, un peu plus vite qu'il ne l'aurait voulu, dans un sens. Il hésita un instant, se souvenant encore plus fort de la gifle qu'elle lui avait mise et qui avait brisé ses éspoirs Sa joue le brûla comme si elle venait de recommencer. Il était temps d'agir. Il frappa, ne pensant qu'à elle, comme toujours.

" Ayumie ? C'est Jason. Ouvre moi, je t'en prie. J'ai à te parler. "

Après avoir donné un cours à l'Académie où elle travaillait désormais, Ayumie était partie du château pour se rendre au village, et rentrer chez elle. La pluie avait cessé lors d'une acalmie, mais le ciel restait toujours couvert de nuages gris. La jeune fille connaissait le chemin par coeur, normal, et s'autorisa à regarder le ciel et le sommet du mont Ovinris qu'elle voyait au loin le long de sa marche. Elle avait beau ne pas regarder où elle mettait les pieds, elle ne trébuchait pas sur un caillou et elle ne bousculait personne. Bientôt, elle pénétra dans le quartier résidenciel de la petite ville, et elle emprunta machinalement le chemin pavé de droite. Quelques minutes plus tard, elle fouillait dans son sac à la recherche de ses clés, sur le palier de la petite maison frappée du numéro 18. Elle finit par les trouver, tintant joyeusement dans sa main, et les inséra dans la serrure pour ouvrir la porte d'entrée. C'est bon, elle était arrivée.

Avec un soupir fatigué, Ayumie étira ses bras au-dessus de sa tête, après avoir posé ses affaires sur le meuble de la pièce principale de la maison, qui servait de cuisine et de salon en même temps. Elle décida alors d'aller prendre une douche, et se rendit donc dans la salle de bain. L'eau chaude lui fit du bien, et elle resta sous l'eau de la douche un bon moment, plongée dans des pensées pour la plupart moroses. Finallement, elle finit par sortir, et après s'être sêchée, enfila une petite robe noire de coupe simple, gardant ses pieds nus. Elle revint alors dans le salon, et tout en marchant, elle essorait ses longs cheveux blonds mouillés avec sa serviette blanche. Ce fut à cet instant que quelqu'un toqua, et aussitôt après, une voix qu'elle connaissait que trop bien s'éleva derrière la porte :

- Ayumie ? C'est Jason. Ouvre moi, je t'en prie. J'ai à te parler.

Ayumie se figea sur place, la serviette à bout de bras.
Une partie de son être avait envie de le voir, mais une autre redoutait de tout son être de se retrouver en face de lui. Elle s'approcha donc lentement de la porte, à pas feutré, le regard fixé sur le sol, mais n'ouvrit ni la bouche, ni la porte.

Au bout de 5 minutes, il n'eut toujours pas de réponse. Il se faisait tard et elle avait dû arrêter ses cours à l'académie, vu l'heure. Soit elle était partie se promener soit- et il mit un peu de temps avant d'y penser - elle ne voulait tout simplement pas lui parler. Bien. Dans les deux cas, il était plutôt mal parti. Mais il ne rennonça pas. Il posa le sachet contenant ses chocolats au sol et y déposa délicatement le bouquet de roses. Il choisit de vider son sac, et tant pis si seuls l'entendraient la porte et les meubles. Pour mieux qu'elle l'entende, si elle était là, il se mit au plus près de la porte. Il ne parla pas particulièrement fort, mais l'on ressentait dans sa voix la colère qu'il avait contre lui même, les regrets, la peine et la passion. Bizarrement, les morts lui vinrent naturellement.

" Ayumie.. Je parle peut-être à ta porte et j'aurais, dans ce cas, l'air tout à fait idiot. Mais je m'en fiche un peu. Je voulait m'excuser d'avoir insister pour savoir ce qui te ronger, mais sâche que je l'ai fait parce que je m'inquieter de te voir si triste. Ensuite, il faut que je m'excuse de t'avoir avouer mon amour pour toi alors que ton coeur me semblait si ravagé. Mais je m'y tiens. Je t'aime et rien n'y personne n'y changeras quoi que ce soit. Je te laisse cependant le choix, si tu veux, tu peux couper les ponts. Mais si tu ne m'appréçie qu'un tout petit peu, je t'assure que, malgré mon amour, je pourrais redevenir un simple ami pour toi.. Bref. J'ai des cadeaux pour toi. Je les laisse devant la porte. Je m'en vais. A plus tard, j'éspère, Ayumie. "

Et il tourna les talons, commençant à partir, comme il le lui avait dit.

C'était étrange de savoir Jason à quelques centimètres derrière cette porte mais de ne pas le voir, de redouter de le voir. Ayumie aimerait y voir plus clair, mais des pensées osbcures et honteuses la rendait complétement éperdue. Tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, c'était d'écouter ce qu'avait à dire le garçon aux ailes d'ange. De toutes façons, cela aurait été difficile à ne pas entendre, dans la mesure où Jason se fichait royalement de se faire passer pour un crétin à parler à une porte close. S'il n'y avait que des gens qui ont peur du ridicule sur cette planéte et sur Terre, ce ne serait pas joyeux-joyeux, il faut dire. Mais bref, Ayumie resta figée sur place, se fichant comme de ses dernières chausettes des gouttes d'eau qui tombaient de ses longs cheveux sur le parquet. Et elle écouta.

Jason était d'une gentillesse à toute épreuve. Et d'une honêteté sans pareil. La sorcière s'en était bien rendu compte depuis longtemps, évidemment, mais là, n'importe quel imbécile pourrait s'en rendre compte. Il l'aimait, disait-il. Et il s'inquiétait. Et il était prêt à comprendre qu'Ayumie veuille couper les ponts avec lui, ou à rester qu'un simple ami. Couper les ponts ? Pas question. C'était la seule pensée sûre qui fourmillait dans le cerveau de la jeune fille. Redevenir un simple ami ... Serait-ce seulement possible de reprendre leur relation d'avant après çà ? Se reparleraient-ils comme avant ? Simplement ? Ayumie en doutait, et cette pensée la terrifiait. Mais, elle, voulait-elle de Jason comme un simple ami ? Après s'être concentré sur cette question, la réponse vint, aussi simplement qu'une feuille tombe sur la surface d'un ruisseau. Non. Elle aimait Jason. Véritablement. Depuis longtemps. Depuis leur première rencontre, peut-être, même. Et lui l'aimait aussi. Mais c'était impossible.

Ayumie en était malade, mais pour elle, c'était impossible.
Elle aimait Jason, certes mais ... que lui l'aime, elle, c'était une erreur. Une énorme erreur. Elle n'était pas faite pour lui, il allait se perdre en l'aimant. Elle lui cachait des choses. Elle ne lui avait pas tout dit. Elle avait le sang souillé. Qui pourrait l'aimer en sachant que son frère - qu'elle ne considérait plus depuis longtemps comme tel - était l'homme le plus cruel, craint et écoeurant par ses crimes du monde ? Qui ? Même si Jason était gentil eta dorable, Ayumie était persuadée que s'il savait çà, il changerait d'avis sur son compte. Et la jeune fille pensait avec désespoir qu'il aurait alors bien raison. On ne changeait pas sa famille. Les liens du sang, malheureusement, on ne s'en débarassait pas. Surtout pas dans le domaine du Don. Elle même se détestait à cause de çà, alors qui pourrait l'aimer avec çà ? Elle ne voulait pas faire subier çà à Jason. Et si jamais un jour on découvrirai tout ? Elle serai alors pointée du doigt, exclue du monde, rejetée. Cela ne la dérengait pas. Mais si Jason était à ses côtés, lui aussi serait précipité dans la chute. Et çà, Ayu ne le voulait pas.

Torturée, Ayumie ne bougea pourtant pas d'un pouce.
Ce fut quand Jason lui annonça qu'il partait qu'elle réagit. Les pas du garçon descendant les marches du palier avaient déjà résonné quand la jeune fille aux longs cheveux encore mouillés ouvrit la porte comme une furie. Elle ne fit pas attention aux cadeaux, ses yeux fixés dans le dos de Jason, qui s'éloignait déjà sur le petit chemin qui menait à la rue.

- JASON !

Là aussi, difficile pour lui de ne pas l'entendre, l'Ayumie.
Elle marqua un temps d'arrêt, puis après avoir inspiré une longue bouffée d'air frais elle lâcha d'une voix plus basse et indéchiffrable, tenant la porte à moitié ouverte :

- Pardon de t'avoir gifflé.

Il s'en allait donc, regard sombre. Et bien, ce ne serait pas de sitôt qu'il pourrait aller voir Kaze en souriant sincérement, l'air franchement heureux, chose qu'il lui devait clairement. Bref. Sourcil fronçés, il ne réagit pas quand la porte s'ouvrit, même si ses cadeaux devaient en avoir pris un coup. Par contre - par contre, et c'est bien là l'ésentiel- il réagit au quart de tour quand il entendit son nom, crié par la personne aimée. Il se retourna d'un bon et, s'aidant à la fois de ses jambes et de des ailes découvertes, il se dirigea vers la porte, juste au moment ou elle murmurait quelque chose, un air profondément désolé sur le visage. Lui arrivait et mis son pied à moitié chez elle, pour l'empêcher de fermer la porte. Il mis une de ses mains abimés sur la porte, l'autre sur l'encadrement de celle-ci. Bien qu'il n'aie pas entièrement compris ce qu'elle avait dit, il chercha à la regarder dans les yeux. Il fallait qu'il sâche.

Et il ne partirait pas avant d'être sûr de sa réponse. Quitte à faire le guet des jours et des jours, il devait savoir.. Il prit la parole, dans un souffle.

" Ayumie.. Ce que je veux te demander est stupide. Tu peux même te moquer de moi d'avoir cette éspérance mais, dis moi.. Est-ce que tu m'aimes ? "

[ Moi, en retard ? Nooooon bien sûr que non voyons ... ]

En voyant Jason se retourner d'un bloc et se précipiter vers elle en s'aidant de ses jambes et de ses ailes à la fois, Ayumie voulu refermer la porte d'un coup sec. Mais c'était sans compter la rapidité du Filame, qui réussit à glisser son pied dans l'entrebaillement en arrivant une fraction de seconde plus tard, face à une Ayumie à l'expression stupéfaite. Oui, çà surprenait un peu, de se retrouver nez-à-nez avec quelqu'un qui se trouvait plusieurs mètres plus loin quelques fractions de secondes plus tôt. Bref, la jeune fille ne pouvait plus fermer la porte, et n'eut donc d'autre choix que de faire face au garçon qu'elle aimait désespérement et qui ne faisiat rien pour arranger les choses. En écoutant ses paroles, tout en le regardant dans les yeux, elle eut l'impression qu'une pierre lui tombait dans l'estomac. Non, sa question n'était pas stupide, non, elle ne risquait pas de se moquer, non, il ne se trompait pas. Un instant, le jeune professeur de Magie envisagea de lui mentir. Mais Jason s'en irait alors, ce qui lui déchirerait le coeur. Elle ne pouvait pas lui mentir, lui dire des choses qu'elle ne pensait pas. Pas à lui. A la fois gênée et persuadée de commettre une énorme erreur, Ayumie balbutia, continuant de le fixer :

- Euh ... Hum, je ... En fait ... Tu ... Je ...

Elle sembla piquer un fard, baissant les yeux pour fixer un point situé près de ses pieds. Ne pas le regarder dans les yeux à cet instant lui donna l'once de courage qu'il lui fallait pour dire ces mots. Après avoir pris une grande inspiration, l'esprit à la fois embrouillé et clair, les joues en feu, elle lâcha :

- En fait, je t'aime aussi Jason ...

Voilà, elle l'avait dit. Enfin, elle l'avait dit. Dans d'autres circonstances, peut-être, se serait-elle sentie aussi légère qu'une plume, heureuse à n'en pas croire ses sens, de savoir que son amour était partagé et qu'elle avait révélé ses sentiments à Jason. Mais il restait le problème de fond qu'elle ne pouvait pas oublier. Son sang. Morzan. Elle ne pouvait pas prendre le risque que Jason soit tué par ce type qui était son frère, sinon, elle n'en survivrait sûrement pas. Elle ne le méritait pas. C'est pourquoi elle lança soudain, d'une voix beaucoup plus forte, redressant la tête, son visage empli d'expressions à la fois décidées et malheureuses :

- Mais çà ne peut pas fonctionner !

Elle devait juste lui dire que ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas lui révéler ce secret, pas maintenant ... Elle ne pouvait pas faire de lui une cible.

- Je ... Je ne peux pas, on ne peut pas. Il vaut mieux que ... Tu ne t'approches plus jamais de moi.

Même si cette pensée était pire que l'horreur, le déchirement à l'état pur, il en serait mieux ainsi. Du moins en était-elle persuadée. Un milliard de contradictions se percutaient et se répercutaient dans son cerveau alors qu'elle se taisait, incapable d'ajouter d'autres mots, maudissant à la vie d'être si injuste. Elle espérait que Jason s'en irait. Qu'il ne compliquerait pas les choses. En même temps, elle voulait tout lui dire. Ne pas lui faire de peine. Mais d'une façon ou d'une autre, elle lui ferait du mal quand même. Pourquoi ne pouvait-elle pas être normale ? Avoir une famille normale ? Un Don qui n'attirerait pas un psychopathe de frère ? Ce serait tellement plus simple ... Mais on ne pouvait rien y changer, et elle le savait malheureusement que trop bien.

Le coeur de ce pauvre Jason battait à cent, voir à deux cent à l'heure. Il allait savoir ? Il allait savoir. Il allait savoir ! Donc, plus par son exitation à l'idée de savoir ce qu'elle ressentait pour lui que par la course folle qu'il venait de menait, le jeune homme en avait presque le souffle court. Les secondes qui suivirent lui parurent une éternité. Elle semblait hésiter à lui dire ce qu'elle pensait et, alors qu'elle le regardait droit dans les yeux, n'arriva déçidement pas à lui avouer ses sentiments.. Ou ses non-sentiments. Elle baissa ensuite la tête, et le jeune homme fut certain qu'il allait se prendre un rateau phénoménal. Ce ne fut pas le cas, au contraire, elle lui avoua qu'elle ressentait les même sentiments que lui. Alors, il ne comprit pas, pourquoi mettait-elle cette distance entre eux ? Qu'avait-elle pour faire cela ? Il s'immagina des tas de scénarios, et le plus récurent conçernait Morzan. Et si, depuis son enfance, elle était promise à ce sale type ? Non, il ne le permettrait pas. Même si, pour cela, il devait mourrir. Il se souvenait de la seule discution qu'il avait eu avec elle, à propos de Morzan. Elle avait l'air de souffrir tellement.. Etait-ce pour ça ? Bien sûr, il ne pouvait pas le savoir, qu'en réalité, celle qu'il aimait par dessus tout avait un frère psycopathe qui rêvait de conquérir le monde..
Et puis elle en vint, comme un cri désespéré, à dire qu'eux deux ne pouvaient pas sortir ensemble. Pourtant, elle ne leva pas la voix plus fort que nesseçaire. Certes plus forte qu'avant, mais trop peu pour que tout le village l'entende. En fait, il sentait qu'au fond d'elle, elle apellait à l'aide. Résistant à l'envie pourtant très grande de la prendre dans ses bras, de s'envoler avec elle, il retint son geste. Cependant, ses mains avaient lâché la porte et son encadrement. Pour les occuper et ne pas se trahir, il ramassa les roses et les chocolats, tout en gardant son pied dans l'encadrement de la porte pour ne pas qu'elle referme celle-ci, et les lui tendit. Il voyait bien que ce qu'elle venait de dire lui brisait le coeur. Il fallait qu'il sâche pourquoi. Car aucunne raison n'était valable pour faire obstacle à son amour. Aucunne, pas même un marriage arrangé ou une autre futilité de ce genre. Et il voulait le lui dire. Donc, lui tendant ses cadeaux, il planta ses yeux dans les siens, et lui répondit, lui montrant à l'évidence qu'il serait toujours près d'elle.. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise. Maintenant qu'elle lui avait dit qu'elle éprouvait des sentiments pour lui, il ne la laisserait pas filer.. Au risque de paraître légèrement insistant et indélicat..

" Ayumie.. Pourquoi ? Rien ne pourra m'empêcher de t'aimer. Rien ni personne. Je t'en prie, dis-moi ce que tu me caches ! "

Ayumie ne réagit pas lorsque Jason ramassa les cadeaux qu'il avait posé sur le pas de la porte, soit le bouquet de fleurs et la boîte de chocolats, avant de les lui tendre. Elle les prit d'un geste machinal, les yeux voilés d'une triste résolution. Cà ne servait à rien. Cà ne les ménerait à rien. Mieux valait fermer la porte, qu'elle retourne à l'intérieur et que lui s'en aille dehors. Rester ensemble serait sûrement plus douloureux. Ou non. Mais dans un sens ou dans l'autre, çà ne fonctionnerait pas. Il fallait couper les ponts, là, tout de suite. Qu'on en finisse. Comment pourrait-elle accepter des présents de Jason ? A chaque fois qu'elle les verrait, elle serait envahie du sentiment atroce qui la submergeait en ce moment même. Mais pour le moment, les cadeaux qu'elle tenait dans ses mains sans vraiment les sentir l'indifféraient. Elle avait le regard fixé sur le visage du garçon, comme si elle voulait inscrire chaque détail de lui dans son cerveau embrumé. Une dernière fois. Elle tressaillit lorsqu'il lui demanda pourquoi.

Pourquoi ? Parce que vie était souffrance. Parce que vie était injustice. Tout simplement. Malheureusement. La jeune fille baissa une nouvelle fois son regard, sans répondre. Son intention première avait été de s'excuser, de faire lâche prise, de le laisser partir, le libérer. Sans rien ne lui dire. Au sujet de Morzan, s'entend. Mais maintenant, elle hésitait, en proie au doute. Finallement, ne devait-elle pas tout lui dire ? Peut-être comprendrait-il mieux alors. Et puis, il était mal de lui cacher la vérité. Elle n'avait pas envie de mentir. Pas à lui. Pas même pour cela. Mais ... Mais, mais, mais ! Il y avait décidemment trop de mais, de si, de peut-être. Mince alors. Où était la justice dans ce bas monde ? Y en avait-il seulement une seule ? C'était à se demander. Observant sans les voir d'un oeil vitreux les présents du demi-ange dans ses mains, Ayumie se décida. Au moment même où un grand vide semblait se propager en elle, comme une sourde et profonde tristesse résolue. Tant pis. Autant lui dire. Il lâcherait peut-être prise plus facilement ainsi. Avec un soupir, Ayumie releva ses yeux sombres.

- Jason, écoutes.

Inspiration.

- Ce ... C'est ... compliqué.

Cà oui, çà l'était. Du moins, pour elle.

- En vérité ... Je ...

Poussant alors un gros soupir, Ayumie leva sa main au niveau de ses yeux, comme pour montrer une chose qu'elle seule voyait quelque part sur sa main.

- Mon sang est souillé. Je suis ... la soeur de Morzan.

Et voilà. Incroyable comme les mots sortaient facilement, en fin de compte. Sûrement parce qu'elle était résolue, désormais. Résolue.

- Du moins, sa soeur génétiquement. Sinon, je ne pense pas qu'on se soit un seul jour considéré mutuellement frère et soeur. Mais le sang reste là. Ce type est un ... une ...

Il n'y avait aucun mot pour le qualifier.
Aucun mot assez fort.

- Bref, voilà pourquoi çà ne pourra pas fonctionner. Je n'ai pas envie qu'il te fasse du mal. Vraiment pas. Alors ... aurevoir.

Aurevoir.
Adieu.
Cà valait mieux.
Non ?

Très attentivement, Jason écouta ce qu'elle lui disait. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'elle était sa soeur.. Mais, bizarrement, cela ne lui fit rien de plus qu'un léger choc. Pas qu'il s'y attendait, mais il s'était préparé à pire. A bien pire. Pour lui, la raison qu'elle venait de lui présenter n'était pas suffisante. Il comptait d'ailleurs le lui dire clairement. Il ne voulait pas arrêter de la voir à cause d'une enflure psycopathe.. Surtout pas. Les traits durci, il contempla un instnat celle qu'il aimait. Comme si il allait la laisser s'envoler ! Il sentait que ce qui le brûlait de faire depuis qu'elle avait ouvert la porte n'allait pas tarder. Il fallait donc qu'il réagisse plus vite. Il dit donc, à voix basse mais décidée, un seul mot. Qui suffisait largement pour faire comprendre beaucoup de chose.

" Non. "

Et puis il cessa de résister et prit celle qu'il aimait dans les bras. A quoi bon ? S'il courrait à quoi que ce soit, autant que ce soit aux côté d'Elle.. Il baissa la tête vers son orreille, deversant en chuchotant un flot de paroles tout à fait censée. Qui laissaient voir qu'il n'était pas prêt de la lâcher. Il était très têtu. C'était peut-être son pire défaut. Et pourquoi pas sa plus grande qualité ? Il ne renonçait pas. Pas si tôt. Morzan n'était pas un obstacle.

" Je ne suis pas d'accord. Tu n'as pas choisi d'être sa soeur. Pourquoi souffrirais-tu.. Non, pourquoi souffririons-nous à cause de cette ordure ? Tu n'y es pour rien, absolument pour rien.. Ne te rends pas coupable. Il ne me fera rien. Je te le promet. Et, mettre de la distance entre nous, te faire souffrir, ce ne serait pas ce qu'il souhaite ? Je te jure d'être un jour assez fort pour le détruire.. Ou au moins l'empêcher de te faire du mal. Mais pour ça, j'ai besoin de toi. A mes côtés. Et ce n'est certainement pas lui qui m'empêcheras de t'aimer.. Ne crois-tu pas qu'il est trop tôt pour se dire adieu ? Nous avons du temps devant nous.. Ayumie, je t'en prie.. Je suis quelqu'un d'obstiné, tu as pu le voir.. Je ne le laisserais pas me tuer facilement.. "

Beaucoup de promesses. Aucunne certaines. Toutes sous forme de souhait. Il ne pouvait se résoudre à la lâcher. Par son étreinte, il lui indiquait qu'il serait là pour elle. Toujours. Quand elle en aurait besoin. Maintenant.

- Non.

Quoi ?
Comment çà, non ?
Elle n'attendait pas de réponses.
C'était comme çà, c'était tout.
Tous les deux ne pouvaient rien y faire.
Mais alors pourquoi diable Jason se montrait-il si têtu que çà en était même frustrant ? Allez savoir. Toujours est-il que quand le garçon prit notre Ayu dans ses bras, celle-ci ne protesta pas. De un, parce que c'était très agréable même si la situation ne prêtait pas à ce qu'elle se laisse aller, de deux parce qu'elle n'eut pas le temps d'envisager la possibilité de se dégager et de trois parce que Jason se mit à lui parler, si bien qu'elle l'écouta. Parce qu'au fond, ce qu'elle attendait, c'était peut-être une perche. Que Jason lui dise que ce n'était pas grave. Que ce ne serait pas un problème. Qu'il lui montre qu'elle se trompait. Oui, elle aimerait se tromper. Mais elle connaissait Morzan. Du moins suffisamment pour savoir qu'il était cruel et qu'elle ne voulait en aucun cas embarquer Jay dans cette histoire de dingues. Mais au fond ... Ne l'était-il pas déjà ? Embarqué dans cette histoire de dingues, s'entend. Peut-être bien ...

- Je ne suis pas d'accord. Tu n'as pas choisi d'être sa soeur.

Cà, c'était plus qu'évident.

- Pourquoi souffrirais-tu... Non, pourquoi souffririons-nous à cause de cette ordure ? Tu n'y es pour rien, absolument pour rien... Ne te rends pas coupable.

Ne pas se rendre coupable ...
Elle voulait bien, mais les faits étaient les faits.

- Il ne me fera rien. Je te le promet.

Cela aussi, elle aimerait y croire.
De toutes ses forces.

- Et, mettre de la distance entre nous, te faire souffrir, ce ne serait pas ce qu'il souhaite ?

Elle n'en savait rien, à vrai dire.
Allez savoir ce qu'il voulait, ce type.

- Je te jure d'être un jour assez fort pour le détruire... Ou au moins l'empêcher de te faire du mal. Mais pour ça, j'ai besoin de toi. A mes côtés. Et ce n'est certainement pas lui qui m'empêcheras de t'aimer... Ne crois-tu pas qu'il est trop tôt pour se dire adieu ? Nous avons du temps devant nous... Ayumie, je t'en prie...

Comment résister face à çà ?
La jeune fille sentait ses positions fondre comme neige au soleil.

- Je suis quelqu'un d'obstiné, tu as pu le voir...

Ayumie se surprit à sourire.
Effectivement.
On pouvait le dire.

- Je ne le laisserais pas me tuer facilement...

La jeune fille soupira.
Elle croisa ses mains dans le dos du garçon, posa sa tête contre son torse.
Elle aimerait y croire.
Elle voulait y croire.
Elle devait y croire.
Oh et puis tout ceci était ridicule. Elle ne pouvait pas laisser ce type se mettre entre Jason et elle, comme ce dernier l'avait justement fait remarqué. Qui était-il, sinon un psychopathe assoiffé de sang ? Jason pouvait se défendre. Ce serait dur, surtout s'il se ferait blesser. Mais la vie n'était pas simple. N'est-ce pas ? Ayumie le savait très bien. Si Jay mourrait, elle ne s'en remettrait certainement pas. Mais elle devait croire en leur bonheur. Ils devaient bien y avoir droit, non ? Espérons. Tant pis. Ayumie releva la tête, pour fixer Jason dans les yeux, et répondit :

- Je te jure que si tu te fais tuer, tu auras affaire à moi et je te le ferais regretter au centuple.

Oh oh oh ...
Bien sûr.

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