[ N°1 = Shimy Anamalaïs ]

A côté de la porte de la maisonnette numéro 1, la petite plaque en argent plaqué indiquait :

Shimy Anamalaïs

La petite maison était maintenant occuppée ...

La soirée du Bal de la Lune Rousse était destinée à se finir dans le sang, une grande boucherie. Mais, pour une fois, Shimy avait fui le combat. Non pour se protéger elle même. Pour proteger Edwin, l'homme qu'elle aimait tant qu'elle passait son temps à le cogner.. Il s'était fait mordre par un vampire, et Shimy entendait les cris de douleur qu'il émmettait. Chacun était comme un coup de poignard dans son coeur. Mais qu'est ce qui lui avait prit d'aimer un idiot pareil.. En tous cas, après une bonne demi-heure d'errance - n'allez pas croire qu'elle s'était perdue, c'était juste au cas où ils étaient suivis, pour ne pas donner trop d'indice quand à la position qu'il rejoindraient.. Quoi que l'homme qui hurlait était un exellent indice à qui savait écouter. Mais la n'était pas le sujet, et Shimy parvint à regagner sa maison sans trop d'encombres. Elle ramena Edwin jusqu'à son lit et alluma la lumière pour constater ses plaies. Elle ramena de l'eau chaude, des chiffons propres et des bandages. Et puis elle soigna Ed du mieux qu'elle pouvait. Elle avait beau être moitié-elfe, ses capacités en médecines étaient très limitées.. Elle n'eut pas trop de mal à nettoyer ses plaies et à recoudre lorsqu'il le fallait. Le poignet du jeune homme causa plus de souçis à Shi Shi, qui ne put que le bander. Quand il serait réveiller, il faudrait d'urgence l'amener à un elfe guêrisseur.. Mais elle avait fait le minimum de survie et il devrait survivre.. Si du moins le vampire ne lui avait pas retiré trop de sang. Rongée par l'inquiètude, Shimy n'essuya que vaguement ses propres plaies. Et puis l'enfer commença.

La jeune elfe se mit à veiller jour et nuit sur l'homme, se passant de sommeil. Et pas que. Elle ne sortit plus à partir de cette soirée, laissant les gens frapper à sa porte sans répondre. Elle n'ouvrit plus les volets, ne mangeait et ne buvait qu'à peine. De plus, la faim l'aidait à ne pas s'endormir, alors elle la voyait comme un avantage. Rongée par la peur qu'il ne se reveille plus jamais, elle restait immobile sur une chaise. Elle maigrissait et, de temps en temps, pour éviter de s'endormir, se lançait dans un entraînement de chambre. Les cernes se déssinèrent peu à peu sous les yeux de la demi-filame, et ses cheveux étaient si emelées qu'ils semblaient totalement incoiffable. Le teint blafard, elle n'avait jamais été aussi pâle. La souffrance qu'elle lisait sur les traits de sa chose l'effrayait, quoi qu'elle n'était pas prête à l'avouer. Combien de temps dura son attente, combien de cours, particuliers ou non, manqua-t-elle ? Elle n'en savait strictement rien. A vrai dire, elle s'en fichait. Dans l'espace de cette pièce, il lui semblait être partie sur un autre monde, avec un système temporel différent de celui dont elle en avait l'habitude. Seul les quelques coups frappées de temps en temps à sa porte lui rappellait ou elle était, mais, pour elle, le monde tournait autour d'Edwin seul.

Et de sa douleur. C'était pour cela qu'elle ne s'endormait pas. Elle voulait absolument le voir se réveiller.. Même si elle en souffrait. Elle avait faillit faire une crise, à un moment qui semblait être le deuxième jour et ou elle se demandait si il allait se réveiller un jour. La crainte qu'il meure, en Shimy, dépassait l'entendement. Jamais elle n'avait aimé qui que ce soit autant qu'elle aimait Edwin. Et aujourd'hui, elle se balançait doucement sur son fauteuil, se demandant comment elle allait pouvoir le lui dire.. C'était justement à ce moment qu'il se passa quelque chose. Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle ? Je vous laisse le découvrir avec notre ami Ed..

Etait-il possible de ressentir pareille douleur ?
Etait-il possible de supporter pareille souffrance ?
Etait-il possible qu'il existe de la douleur à l'état pur ?
Il semblerait que oui.

C'était survivre ou mourir.
La douleur ...
Il n'y avait que çà.
Partout.
La douleur.
Le feu.
Atroce.
Intarissable.
Infini.
Mal.
Mal.
Mal ...
Cà faisait plus que mal.
Ce n'était même plus de la douleur.
Qu'est-ce qu'il y avait au-delà de çà ?
Aucune idée.
La douleur.
C'était horrible.
Il fallait que çà s'arrête.
Tout de suite.
Mourir.
Le Salut.
Mourir.
Il devait mourir !
Ce n'était plus possible.
A quoi bon vivre ...
... survivre ...
Dans ces conditions ?
Mourir.
Quel doux mot.
Il devait mourir.

Il ne pouvait pas mourir.
Pas maintenant.

Plusieurs jours.
Plusieurs nuits.
Combien ?
Ni Edwin ni Shimy n'auraient sû dire, pour le moment.
Pas plus d'une semaine non plus, en tous cas.
Mais tout de même.
Ces jours là seraient sûrement les plus longs et les plus horribles de leur existence.
Et dieu savait combien il y en avait déjà eut jusqu'ici.
Mais là, c'était différent.
C'était toujours différent.

Edwin souffrait.
C'était le mot.
Depuis que ce type s'était penché sur son cou le soir du bal de la Lune Rousse, c'était le brouillard. Le noir total. Oui, noir, çà l'était. Il faisait noir. Et il y avait cette douleur ... Insupportable. Ce n'était plus du sang qui coulait dans ses veines. C'était du feu. Liquide. Qui lui arrachait des souffrances intarrissables. Les premiers jours, les premières heures, il hurla. Beaucoup. Parce que quand çà fait mal comme çà, on crie. Même si on ne le veut pas. De toutes façons, on n'est plus vraiment en état de penser. On survit, c'est tout. Dans la douleur. Puis bientôt, Edwin ne cria plus. Parce qu'il ne pouvait plus. Du moins, dans sa tête, les cris continuaient. Mais il n'y avait plus que lui pour les entendre. Le feu coulait, se répandait partout. Partout. Et çà faisait mal. Terriblement mal. Mieux valait mourir. Que d'endurer pareil supplice. Mais ce serait trop simple. Mourir, s'entend. Vivre, c'était beaucoup plus dur que mourir. Et tout le monde savait très bien combien la vie était dure. Edwin ne mourrut donc pas. Alors que l'esprit saccagé du jeune homme en arrivait à la conclusion que le monde n'était plus que douleur et souffrance désormais, il s'avéra que le procéssus entra dans une nouvelle phase. Progressivement, et toujours en donnant l'impression d'arracher toute la peau, le feu remonta le long des veines. De bas en haut. La douleur se délogea de la tête qu'au dernier moment. Puis ce fut le black-out total. La douleur était partie. Mais qu'est-ce qu'il était maintenant ? Il ne sentait plus rien. Il aurait crû qu'une fois la douleur partie, il éprouverait du soulagement. Et bien même pas. Il ne ressentait plus rien du tout. Qu'est-ce qu'il foutait là ? C'était quoi, tout çà ? Et qui il était, déjà ? Ah oui ... Edwin.

Il ouvrit les yeux.
Elle était là.

- Shimy

, souffla-t-il.

Oui c'était bien elle.
Assise sur un fauteuil, juste à côté du lit où il semblait être allongé.
Extrémement pâle, avec une expression qu'Ed ne lui connaissait pas.
Mais c'était bien elle.
Elle allait bien.
Tant mieux.
Il pouvait se rendormir.
Il ferma les paupières.

Pour les rouvrir aussitôt.
Il se souvenait de tout maintenant.
Ce fameux bal, la Lune Rousse, tous ces gens qui riaient, l'attaque, les hommes en noir, les créatures, les cris, le sang, les combats ... Et ce type, là. Qui n'en était pas vraiment un. Qui l'avait attaqué. Ed porta une main à son cou, sentit un pansement. Un pansement ? Il l'enlevit, passa ses doigts sur sa peau. Sentit deux petits trous qui le lancaient encore. Une morsure. De vampire.

Edwin se redressa aussi brusquement que violemment en position assise.

- BORDEL !

C'était ce qui s'appellait revenir brutalement sur Terre.
Ou sur Elysia, ici.
Bonjour, Edwin très cher.

Bien entendu, Shimy remarqua qu'Ed se réveillait. Dans le silence de la pièce et par rapport à sa bonne ouïe, elle entendit.. Le premier mot qu'il pronnonça en la regardant. Son prénom. Son coeur fit un bon. Il était vivant ! Il n'était pas mort ! Elle poussa un long soupir de soulagement, son cerveaux anésthésié par la fatigue.. Oui, car elle avait passé son temps à veiller sur lui. Il s'était réveillé.. Elle pouvait donc dormir.. Quel soulagement. Il n'était pas mort. Bon, il devait avoir besoin d'aller voir un elfe guérisseur, mais il était encore vivant. Et puis il referma les yeux. Quoi ? La peur s'envahit de nouveau de la pauvre femme et sur son teint blafard, on pouvait lire l'inquiétude. Elle avait la pâleur de quelqu'un qui n'avait pas vu le soleil depuis trop longtemps. Et c'était le cas. Elle se sentait s'endormir, malgré elle, après qu'il eut fermé les yeux.. Mais sa peur et le cri qu'il poussa ensuite l'en empêcha. Toute étrange qu'elle se sentait, elle se releva. Au début, elle tangua un peu. Cela devait faire quelques heures qu'elle n'avait plus bougé, la dernière fois était pour se sérvir un verre d'eau.. Qui était moitié plein sur la table de chevet avoisinant le lit sur lequel était assit Edwin.

Elle ne pouvait pas s'endormir. Pas avant d'avoir éclairci certaines choses. Ses sentiments pour Edwin, par exemple. Enfin. Dans son ésprit, ils étaient très clair, mais ce pauvre rouquin l'ignorait totalement. Donc, récupérant son équilibre malgré l'imense fatigue - elle la ressentait encore plus maintenant qu'elle était soulagée - qui accaparait ses sens, elle rejetta ses cheveux emélés et sale derrière elle. Pensant qu'il pouvait avoir soif, elle saisit le verre. Dnas un geste peut-être un peu brusque, qui laissait croire qu'elle allait tout lui renverser dessus alors que loin d'elle était cette idée, elle lui tendit. Sans un mot. Elle hésitait à parler. Les gestes en disaient bien assez. Toutefois, son regard, impénétrable malgré les cernes qui bordaient ses yeux, planté dans celui d'Ed, elle se senti presque obligée de plaisanter. Sa voix sortie plus rauque et fragile qu'elle l'aurait voulu, presque défaillante pour deux raison : cela faisait plusieurs jous qu'elle n'avait pas parlé et son soulagement était tel qu'elle avait envie de fondre en larmes dans les bras de son jouet, comme elle l'avait décrété. Bien entendu, elle ne le fit pas. Même si elle dû détourner les yeux pour être sûre que cela n'arrive pas..

" Ah, tu es enfin réveillé ! Je vais pouvoir récupérer mon lit ! Et ne vas pas trop loin.. J'ai des choses à te dire. "

Shimy s'était décidée. Aujourd'hui, elle annonçerait ce qu'elle pensait de lui à Ed. En luttant contre le sommeil qui semblait prêt à l'emporter.

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